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Zoom Afrique du 30 août 2022

Zoom Afrique du 30 août 2022

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Actualité en Afrique :

-Le Niger hôte de la réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou

-Exploitation du pétrole : le Sénégal espère récolter 888 milliards avant 2025

-Ouverture à Pékin du 5e Forum sur la coopération Chine-Afrique dans les médias

-Droits miniers en Guinée : Steinmetz vise à être innocenté en appel

Analyses de la rédaction :

1. Algérie-Éthiopie : les USA mis à mal ! 

Alors que sous la pression des États-Unis, les pays traversés par le Nil ont décidé de saisir l’ONU dans le cadre de leur différend régional, l’Algérie voit une occasion en or pour s’affirmer sur le plan régional et montrer son soutien aux pays panafricaniste et souverainiste. Le voisin de l’est a accueilli à bras ouverts, ce dimanche, le Premier ministre éthiopien. 

Abiy Ahmed Ali a été accueilli à l’aéroport international Houari-Boumediene par une importante délégation algérienne, composée notamment du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, du chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, et de la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji. Le Premier ministre éthiopien a été reçu, ce lundi, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. 

La visite officielle de deux jours en Algérie du Premier ministre éthiopien intervient alors que son pays recherche du soutien face à la crise l’opposant à l’Égypte, au Soudan et surtout aux États-Unis. En début du mois, Addis-Abeba a poursuivi le remplissage du barrage de la Renaissance, suscitant l’indignation de ses voisins qui sont sous la pression de Washington. L’Égypte a même saisi l’ONU sur cette question. 

Si l’Algérie décide de soutenir l’Éthiopie dans ce différend, elle aura sa revanche sur l’Égypte qui, elle, est soutenue par le Maroc. En effet, en mai dernier, le Maroc a exprimé son « plein soutien à la sécurité hydrique de l’Égypte en tant que partie intégrante de la sécurité hydrique arabe », appelant à « l’abandon des politiques unilatérales en rapport avec les fleuves internationaux et l’engagement envers le droit international », y compris l’accord de principe signé en 2015 en ce qui concerne le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance. 

Une position qui a valu au Maroc un soutien à son intégrité territoriale du Maroc et son engagement en faveur d’une solution internationale à la question du Sahara par Le Caire, exprimé dans le cadre d’une Déclaration conjointe après la visite de deux jours en mai dernier, du chef de la diplomatie égyptienne Sameh Shoukry au Maroc.  

Le problème du Grand barrage de la Renaissance que l’Éthiopie a mis en place afin d’électrifier le pays et pourquoi pas aussi la région, reste un problème majeur, non pas pour le Soudan ou l’Égypte, mais pour les États-Unis, qui continuent de vouloir garder les pays d’Afrique dans le sous-développement. Avec autant d’aides financières dédiées au « développement », afin d’industrialiser l’Afrique, le continent n’a pas encore pu régler le problème de base qui est l’électricité. C’est pourtant ce qui manque pour lancer la phase d’industrialisation du Continent. L’Éthiopie pourrait dans ce cas être un pionnier dans l’industrialisation de l’Éthiopie. C’est ça qui dérange Washington. Car ni les États-Unis ni leurs alliés occidentaux ne veulent d’une Afrique industrialisée. De plus, à long terme, l’Éthiopie compte également installer des centrales nucléaires avec l’aide de la Russie. Donc, Addis-Abeba ambitionne aussi de lancer l’industrialisation de la région de la Corne de l’Afrique. Ce qui, à la base, était impensable pour Washington. C’est alors qu’est apparu la crise avec les rebelles du TPLF dans la région du Tigré et aussi l’alliance entre 9 groupes rebelles signée à Washington sous l’égide des États-Unis, dans le but de renverser le pouvoir en place en Éthiopie et d’empêcher le lancement du grand barrage de la Renaissance. Ce fut un échec. 

L’Algérie soutien la démarche de l’Éthiopie, tout comme beaucoup d’autres pays d’ailleurs, comme le Kenya qui se voient maintenant menacer par les terroristes al-Shebab, ou encore l’Érythrée qui est encore dans le collimateur de Washington, etc. En gros, l’Occident a pour mission d’empêcher le vrai développement de l’Afrique, mais le continent n’a plus d’ordre à recevoir de personne mis à part des Africains ! 

2. Les pays d’Afrique doivent rapidement sortir du FCFA 

Les sanctions européennes prises à l’encontre de la Russie suite au conflit en Ukraine semblent, jusqu’ici, dégagées une constance : la résilience manifeste de l’économie russe caractérisée par une santé de fer recouvrée par le Rouble et la faiblesse structurelle de celle européenne face à ces mesures-là. 

Amorcée depuis le 12 juillet dernier, la chute progressive de l’euro face au dollar illustre bien ce constat. Cette situation menacerait le vieux continent de récession et par ricochet les 14 pays utilisant le franc CFA comme monnaie, indexée directement sur l’euro par une parité fixe. 
Cette semaine, l’euro continuait de fléchir sous la parité avec le dollar en perdant 0,04 % pour s’établir 0,9939 dollar. Une première depuis 2002. Au printemps dernier, il valait autour de 1,2 dollar. 

L’euro avait ainsi perdu 13,2 % sur un an. Cette dépréciation serait consécutive aux décisions américaines prises face à la hausse des prix. « L’inflation a été plus forte aux États-Unis, du fait notamment des politiques budgétaires menées par Joe Biden. Ses plans de relance massifs ont stimulé la hausse des prix de manière plus brutale, ainsi que la hausse des salaires. Donc, la Réserve fédérale américaine, pour éviter cette inflation galopante, a dû augmenter plus rapidement ses taux d’intérêt », explique un économiste spécialiste de la zone euro. 

Cette nouvelle chute fait, selon des analystes, planer le spectre d’une récession sur la zone euro, car elle s’accompagne de « risque d’inflation et de perte d’attractivité ». À leurs avis, les mêmes menaces sont valables pour les pays de la zone CFA qui, selon eux, subissent de plein fouet ces variations de l’euro. Ils appuient leur thèse par le fait que toute l’économie de ces pays est basée sur le maintien de la parité de change. « Ce qui crée une faiblesse énorme dans des périodes compliquées », décrit un économiste. 

En la matière, les principales répercussions sont d’ordre commercial. « La facture pétrolière va augmenter puisque l’Afrique importe le pétrole en dollars et les recettes d’exportation de coton vont augmenter puisque le coton est vendu en dollars », analyse l’économiste Modibo Mao Macalou, précisant qu’une analyse coût/bénéfice est nécessaire pour déterminer l’impact. Abondant dans le même sens, un autre expert estime que les prix à la consommation pourraient augmenter pour les pays qui « importent beaucoup d’aliments de base comme le riz, le sucre et l’huile ». 

Pour y faire face, Carl Grekou pense que les pays de la zone franc CFA pourraient se tourner davantage vers des partenaires commerciaux des autres régions africaines. « Leur pouvoir d’achat a baissé, donc ils pourraient s’orienter vers des pays où la production est moins chère, et les coûts de transport moindres », souligne-t-il. 
Certainement pour minimiser l’impact de l’inflation provoquée par la chute de l’euro face au dollar. 

De plus, la volonté du bloc de l’Est de vouloir briser l’hégémonie du dollar est totalement légitime, vu que les monnaies occidentales s’affaiblissent de jour en jour. Mais ce qui n’est pas normal, c’est que ce sont encore une fois les pays africains qui ont comme monnaie le FCFA qui paient les pots cassés. Exemple, l’Afrique regorge de pétrole, mais se voit obliger d’importer le pétrole et en plus de le payer en dollar.  

Il serait grand temps que les pays d’Afrique concernés brisent le FCFA et lancent leur propre monnaie nationale afin d’éviter le pire. L’heure tourne et la situation va s’aggraver de plus en plus pour l’euro, ce qui fait qu’il ne reste plus aucune raison pour ces pays africains d’utiliser encore le FCFA. Au Mali, tout le monde s’attend à ce que Bamako sorte le pays du FCFA qui est considéré comme la monnaie coloniale empêchant les pays d’Afrique de l’Ouest de se développer et de nouer librement des partenariats économiques de type gagnant-gagnant. Car si le Mali brise le FCFA, il est clair que l’effet domino prendra rapidement effet. 

3. Les USA font du chantage à l’Afrique ! 

Les États-Unis demandent à l’Ouganda de choisir entre l’Amérique et la Russie. Un chantage que Washington a décidé d’imposer à tout le continent. 

C’est un chantage qui met en porte à faux de nombreux pays africains. Lors d’une tournée africaine, Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, déclarait récemment que, « si un pays décide de s’engager avec la Russie, où il y a des sanctions, alors il enfreint ces sanctions. Il enfreint nos sanctions et, dans certains cas, il enfreint les sanctions de l’ONU avec d’autres pays. Et nous conseillons aux pays de ne pas enfreindre ces sanctions, car s’ils le font, ils risquent de faire l’objet de mesures à leur encontre pour avoir enfreint ces sanctions ». 

C’est en Ouganda que la diplomate a lancé son ultimatum. Une menace qui n’est pas anodine. Comme le rappelle Africa Intelligence, la rumeur d’une importation de carburant russe à Kampala inquiète en effet les États-Unis qui, selon le journal français, « tentent de faire pression sur leur allié ougandais ». 

Pour Yoweri Museveni, le président ougandais, peu habitué à se faire dicter sa conduite, c’est un dilemme important qui se dresse face à lui. Car en période de crise financière, l’acquisition de produits pétroliers bon marché est une aubaine. Mais la menace américaine pourrait bien mettre à mal les finances du pays, Washington faisant régulièrement des dons pour l’aide aux réfugiés et la santé. 

La menace de Linda Thomas-Greenfield est loin du programme annoncé avant son départ en Afrique. La diplomate avait en effet promis une « tournée d’écoute ». Elle voulait alors, disait-elle, « trouver des solutions, et non blâmer » les pays africains, notamment après les votes à l’ONU des pays en faveur de la Russie ou leur abstention. 

Dès son arrivée en Ouganda, elle avait cependant déclaré que « les pays peuvent acheter des produits agricoles russes, y compris des engrais et du blé », mais que les États-Unis refuseraient tout engagement sur le long terme avec la Russie. Tel le colon qui donne sa permission pour une chose, mais pas pour le reste. 

Yoweri Museveni a beau être un allié de Washington, il n’a pas voulu s’ingérer dans le conflit russo-ukrainien. Il a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises sa sympathie pour Moscou. 

Reste que la guerre en Ukraine a eu de graves conséquences en termes d’inflation et de crise alimentaire. Et les sanctions onusiennes et américaines contre la Russie empêchent certains pays, notamment africains, de pouvoir importer des produits de première nécessité, des engrais ou du pétrole. 

Ce que conteste Thomas-Greenfield, qui a osé affirmer que les sanctions imposées par Washington n’étaient pas responsables de la hausse des prix alimentaires en Afrique. La diplomate prétend que les États-Unis veulent mettre en place des partenariats avec « des intérêts mutuels » entre l’Oncle Sam et l’Afrique. 

Drôle de conception du partenariat gagnant-gagnant. Peu avant la diplomate américaine, c’est Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui s’était rendu sur le continent. Il avait alors déploré « la réaction absolument inadéquate de l’Occident, qui a annoncé des sanctions » contre la Russie. 

De son côté, l’Europe est elle aussi entrée dans un chantage incompréhensible : en avril dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen affirmait qu’il fallait « punir les pays africains qui se sont abstenus ou ont voté contre la résolution présentée à l’ONU ». Elle indiquait qu’il fallait notamment, pour ces pays, supprimer les aides au développement.  

Ce qui ne serait pas du tout une mauvaise chose, car si les fameuses aides au développement devaient réellement contribuer à développer l’Afrique, alors pourquoi est-ce que cela n’a pas l’effet escompter ? Mais, pourquoi également les États-Unis sont-ils les premiers à s’opposer aux pays africains par exemple l’Éthiopie qui veut développer son propre barrage électrique et ainsi électrifier le pays tout entier ? Avec les nombreuses aides au développement, l’Afrique aurait déjà dû s’industrialiser et devenir donc un acteur de poids à travers le monde. Pourquoi n’est-ce pas encore le cas ? 

L’attitude coloniale des États-Unis et de ses alliés occidentaux ne cesse visiblement pas. Peu importe les beaux discours qu’ils font lors de leur campagne d’élection, le résultat reste le même, ils ont chacun le même mépris pour le continent africain. Voilà pourquoi le sentiment anti-occident grandit de jour en jour en Afrique. Mais ce qui est vraiment déplorable, c’est que l’Occident croit encore que son comportement est juste et que la montée du sentiment anti-occident serait en fait l’œuvre d’une prétendue propagande russe. Et non, comme si souvent répété, la montée du sentiment anti-occident provient du ras-le-bol du peuple africain et non d’une pseudo-propagande d’un tiers. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV