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Zoom Afrique du 6 août 2022

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Actualité en Afrique :

- L’ONU confirme un soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23 dans l’Est de la RDC

- L'Éthiopie critique la visite des envoyés spéciaux au Tigré

- Hausse du prix du gasoil au Niger : L’ITN rejette catégoriquement la décision et exige sans délai et sans condition son annulation

- Tchad : le président de transition s’envole pour Doha en vue d'un accord avec les groupes politico-militaires

Analyses de la rédaction :

1. Éthiopie : USA et UE veulent relancer la guerre du TPLF ? 

Le gouvernement éthiopien a exprimé sa "consternation" aux envoyés spéciaux américain et européen de retour du Tigré, leur reprochant de faire preuve de complaisance envers les rebelles. 

Les diplomates "n'ont pas fait pression pour un engagement sans équivoque envers des pourparlers de paix, préférant se prêter au jeu de l'apaisement et des pré-conditions exigées par les rebelles du Tigré", a déclaré Redwan Hussein, conseiller à la Sécurité nationale du Premier ministre Abiy Ahmed. 

Un conflit armé oppose depuis novembre 2020 le gouvernement fédéral éthiopien aux rebelles issues du Front de libération du Peuple du Tigré. Suite à l’échec des rebelles dans leur volonté de marcher sur Addis Abeba, les rebelles ont fait marche arrière et se disent prêts à engager des négociations, sans avancée concrète jusqu'ici. 

En visite en Éthiopie, les envoyés spéciaux des Etats-Unis et de l'Union européenne pour la Corne de l'Afrique, Mike Hammer et Annette Weber, se sont rendus mardi à Mekele, capitale du Tigré, en compagnie d'ambassadeurs européens. 

Ils avaient réclamé dans un communiqué conjoint le rétablissement des services publics dont le Tigré est privé depuis plus d'un an, la levée de restrictions gouvernementales sur l'acheminement "d'argent liquide, de carburant et d'engrais" ainsi qu'un "accès humanitaire illimité" à la région. Le gouvernement a de nouveau réfuté ces accusations, affirmant que ces services ont déjà été rétablis. 

Cependant, la réfutation du gouvernement contraste fortement avec les plaintes répétées des agences humanitaires sur le terrain indiquant que le manque de carburant au Tigré est le dernier obstacle entravant la distribution de l'aide humanitaire depuis les entrepôts de Mekele, la capitale. « Les entrepôts gérés par les partenaires de l'USAID dans la région du Tigré regorgent de nourriture et d'autres aides vitales. Les humanitaires ont besoin d'un accès illimité au carburant, à l'argent et aux services publics pour les transporter vers ceux qui en ont besoin et continuer à sauver des vies », a déclaré l'ambassade des États-Unis à Addis-Abeba dans un tweet le 03 août. 

De même, la situation d'UNOCHA, la mise à jour du rapport du mois de juillet indique que « le manque d'argent et de carburant dans le Tigré un impact considérable sur la mise en œuvre des distributions alimentaires. Il y a un retard dans l'achèvement de la distribution de nourriture pour les tournées prévues en raison de problèmes opérationnels et logistiques. » Le rapport indique également que la pénurie de carburant dans les régions d'Amhara et de Somali "a un impact sur les opérations de sauvetage". 

La déception du gouvernement s'est reflétée dans la dernière phrase de la déclaration de Redwan dans laquelle il a conclu que "l'UA est le seul canal et a été réitéré une fois de plus en des termes non équivoques". Cependant, ce qui a provoqué ces réfutations c’est bien les ingérences des occidentaux dans les affaires intérieures de l’Éthiopie. 

Dans la déclaration conjointe, les émissaires américains et européens ont déclaré qu'ils encourageaient "le lancement de pourparlers entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) sous les auspices de l'Union africaine". Insistant sur la nécessité d'un "dialogue politique" pour résoudre la guerre civile et parvenir à "une paix durable", les envoyés ont déclaré qu'ils "se félicitaient de l'engagement public des deux parties à s'engager dans des pourparlers et se sont déclarés prêts à soutenir la médiation menée par les Africains.  

Cependant, l'insistance du gouvernement sur l'UA en tant que seul médiateur s'est heurtée à la réticence de la part des rebelles du TPLF. 

La visite de cette semaine des envoyés spéciaux des Etats-Unis, de l'UE et de l'ONU ainsi que des ambassadeurs à Mekele a marqué la première visite de haut niveau des pays occidentaux visant les efforts de résolution pacifique de la guerre en Ethiopie. Cependant, la dernière réfutation du gouvernement jette une ombre sur les perspectives d'un éventuel pourparlers de paix qui n'a pas encore franchi une étape significative. 

Au moment de la publication de cette nouvelle, les envoyés spéciaux n'ont pas commenté la déclaration du gouvernement d'hier soir. Mais bien évidemment, ce qui dérange fortement Addis Abeba, c’est bien la posture néocoloniale des occidentaux dans cette affaire.

Les ingérences en provenance de l’Occident ne sont pas tolérées par l’Ethiopie, car ces mêmes occidentaux n’ont pas condamné une seule fois les exactions des rebelles du TPLF alors qu’ils annonçaient ouvertement vouloir déstabiliser le pays et marcher sur Addis Abeba. Mieux encore, Washington a même été jusqu’à inviter les représentants des groupes rebelles éthiopiens aux Etats-Unis afin de créer une alliance contre l’Ethiopie tout entière. Et voir ces mêmes occidentaux venir s’ingérer dans les affaires intérieures du pays et se permettre de se rendre dans la région du Tigré et se comporter comme si Addis Abeba doit leur rendre des comptes, justifient bien la réfutation du gouvernement éthiopien face aux propos des occidentaux. 

2. RDC: l’ONU sauve sa peau en accusant Kigali d’être à l’origine de la déstabilisation de l’Est 

L'armée rwandaise est intervenue dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), directement et en soutien à des groupes armés, depuis novembre 2021, selon un rapport d'experts missionnés par les Nations unies. 

L’armée rwandaise a "lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des Forces armées congolaises" depuis novembre 2021 et jusqu'en juin 2022, selon ce rapport transmis au Conseil de sécurité. 

Les experts indiquent que Kigali a également "fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et de zones stratégiques". 

Le rapport du Groupe d’experts bat en brèche les dénégations des autorités rwandaises et détaillent, preuves à l’appui, l’implication directe du Rwanda "unilatéralement ou conjointement avec les rebelles du M23" dans l’est de la RDC. 

Après les révélations fracassantes et tristes des experts des nations unies sur l’implication rwandaise dans la crise sécuritaire dans l’Est du pays, voilà un secret que l’on qualifierait de polichinelle qui vient de tomber. Selon les experts en relations internationales, cette révélation vient une fois de plus discréditer la nécessité des éléments Onusiens sur le sol congolais. 

Interrogé par Média Congo Presse (MCP), le professeur et chef de département des relations internationales à l’Université pédagogique nationale, Darius Makindu estime que le soulèvement populaire contre la Monusco avait du sens et était juste malgré l'usage de la violence qu'il condamne de part et d'autre. Il considère que sa thèse est appuyée par les conclusions des experts des nations unies. 

"Pourquoi attendre les manifestations populaires de colère contre la Monusco pour faire ces révélations ? Pourquoi la Monusco voyait, par ses appareils (drones et autres), les troupes rwandaises avancer vers le territoire congolais sans les en empêcher ? Finalement, les experts des Nations Unies donnent raison aux populations congolaises qui considèrent que la Monusco ne les protège pas et sa présence est inutile", a-t-il argumenté. 

Et de poursuivre que "'est seulement par la lutte qu'un peuple se fait respecter et se libère réellement". Mais cette lutte, renchérit le professeur, doit elle-même respecter les valeurs démocratiques et républicaines. 

Sur ce fond, estime Darius Makindu, après de telles révélations, la RDC doit prendre des mesures qui démontrent son indignation face au Rwanda. La RDC doit surtout exiger, de toute la Communauté Internationale, le retrait du M23 du territoire congolais en 48 heures après cette information. Autrement, appuyait-il, la RDC devrait retirer sa confiance dans les relations internationales avec le Rwanda et l’EAC (Communauté des États de l’Afrique de l’Est). 

Encore de la poudre aux yeux. La Monusco est en très mauvaise posture et préfère changer de stratégie en acceptant de condamner le Rwanda et faire oublier la colère des congolais contre la Monusco. L’instance tente donc de déplacer la colère du peuple congolais sur le Rwanda pour se faire oublier. Cela montre à quel point l’Occident et ses instances ne sont absolument pas dignes de confiance et peuvent donc lâcher leurs alliés à la première occasion. L’histoire nous l’a suffisamment rappelée, l'oligarchie occidentale est loin d’être digne de confiance. 

3. Mali-Guinée-Russie : la coopération s’intensifie 

En quelques jours, les relations entre Mamadi Doumbouya et le G5 composé de la Cedeao, de l’ONU, de la France, de l’Union européenne et des États-Unis, se sont dégradées.  

Lundi 1er août, ministère des Affaires étrangères à Conakry : le chef de la diplomatie guinéenne, Morissanda Kouyaté a convoqué les ambassadeurs français, Marc Fonbaustier, américain, Troy Fitrell, ainsi que les représentants de l’Union européenne, des Nations unies et de la Cedeao, pour une "protestation amicale", selon les termes d’un participant à la rencontre. Selon nos informations, il s’agit en réalité d’une mise au point bien plus ferme. 

Morrisanda Kouyaté a en effet surtout souhaité protester contre les remontrances diplomatiques des membres du G5 après les manifestations des 28 et 29 juillet – lesquelles ont coûté la vie à cinq personnes et provoqué une centaine d’arrestations. Le 31 juillet, le G5 avait publié un communiqué pour exprimer sa "vive préoccupation" et déploré un recours « excessif à la force et l’utilisation alléguée d’armes létales pour le maintien de l’ordre ». 

Le groupe avait appelé le président de la transition, Mamadi Doumbouya, à "diligenter une enquête sur les violations et abus des droits de l’homme". Or cet appel préoccupé est parvenu au gouvernement par voie de presse et de réseaux sociaux, qui plus est un dimanche, ce qui n’a pas du tout plu aux intéressés. 

Le 1er août, Morrisanda Kouyaté n’a ainsi pas manqué de rappeler aux diplomates qu’ils n’étaient pas « accrédités auprès de Facebook » mais auprès de l’État. En d’autres termes, le ministre a rappelé qu’il existe des canaux plus appropriés que les réseaux sociaux pour adresser un message diplomatique. Le G5 aurait dû prévenir le gouvernement avant de publier son communiqué, a-t-il ajouté. 

En retour, le G5 a reconnu des "maladresses" et s’est justifié en évoquant l’urgence, et le fait que sa protestation concernait les autorités de transition mais aussi l’opposition du Front national de la défense de la constitution, organisateur des manifestations. Les ambassadeurs convoqués ont par ailleurs présenté leurs excuses au chef de la diplomatie guinéenne. 

"Dans ce genre de circonstances, il est préférable d’éviter les polémiques et de se focaliser sur l’essentiel, qui reste la réussite de la transition en faveur de la population guinéenne", tempère une source proche du G5. Selon nos informations, malgré les excuses sur la forme du message, les diplomates ont toutefois conservé la même ligne quant au contenu de leur communiqué initial. 

Le jeudi 4 août 2022 est une nouvelle date qui sera gravée en lettres d’or dans les annales de l’histoire entre la Guinée et le Mali. C’est ce jour précisément que le Chef de la Transition guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya a présidé une session spéciale de Conseil des Ministres à laquelle a participé une demi dizaine de ministres du gouvernement de transition du Mali. Ce Conseil des ministres a été sans doute une occasion majestueuse pour les dirigeants des deux pays de réaffirmer leur volonté de raffermir la coopération tous-azimuts, d’insuffler, sur fond de panafricanisme, une nouvelle dynamique à la construction d’une communauté solide de développement dans un monde en proie à des crises multiformes et dévastatrices.  

De plus, entre le Mali et la Russie, la coopération se renforce. Les deux nations ont annoncé vendredi 5 août le renforcement de leur coopération. 

Dans un communiqué publié vendredi, la diplomatie russe a annoncé qu’une rencontre s’est tenue entre le représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et les pays d’Afrique, Mikhaïl Bogdanov, et l’ambassadeur malien à Moscou Harouna Samaké. 

Les deux hommes ont évoqué des questions d’intérêts communs. Entre autres les questions de renforcement de la coopération bilatérale, de développement économique, commerciales et sécuritaires. 

"Au cours de l’entretien, les questions d’actualité du développement futur des relations traditionnellement amicales entre la Russie et le Mali ont été débattues, y compris l’élargissement de la coopération mutuellement bénéfique dans les domaines commercial, économique, scientifique, technique, social et autres", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans le communiqué. 

Aussi les deux nations ont-ils marqué leur volonté d’approfondir leurs relations amicales et la coordination de leur position face à plusieurs questions de l’heure. 

"La rencontre a également confirmé l’intention de Moscou et de Bamako d’approfondir le dialogue politique et de renforcer la coordination des positions de principe sur les questions d’intérêt mutuel examinées à l’ONU et dans d’autres formats multilatéraux". 

Vieille de plusieurs décennies, les relations entre Moscou et Bamako se sont accrues au début des années 2000 surtout dans le domaine de la coopération militaro-technique. Cette coopération va se matérialiser à travers l’accord de 2016 où le Mali a signé un contrat avec la Russie pour quatre hélicoptères de combat Mi-35M. 

Mais le coup d’État d’août 2020 qui a vu le renversement d’Ibrahim Boubacar Keita par le Colonel Assimi Goita, va faire basculer les relations entre les deux pays dans une nouvelle ère. 

En effet, dès sa prise de fonction, le 28 mai 2021, le Colonel Assimi Goita a donné un sens plus important à la relation avec la Russie par rapport à la France. La présence des instructeurs russes et les livraisons de matériels militaires en provenance de la Russie sont le symbole du renforcement de l’axe Bamako-Moscou au grand désarroi des puissances occidentales. 

Est-ce que par le biais du Mali, la Guinée Conakry se rapprochera également de la Russie et des autres pays du bloc de l’Est ? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV