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Zoom Afrique du 28 juin 2022

Éthiopie/Soudan: coup à la rwandaise?

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Actualité en Afrique :

  • Mali : bientôt une route pour relier Bendougou à d’autres villages
  • La Chine remet dix millions de doses supplémentaires de vaccin contre la COVID-19 à l’Éthiopie
  • L’Union africaine exige une « enquête immédiate » sur les circonstances de la mort de 23 migrants à Melilla
  • Le Niger est en train de gagner la guerre contre Boko Haram (président Bazoum)

Analyse de la rédaction :

1. Éthiopie/Soudan : nouvelle tentative de fragiliser les relations

Des affrontements entre les troupes du Soudan et de l’Éthiopie ont eu lieu ce lundi sur leur frontière commune près des villages d’El-Quraysha et de Basanda. Cela a été rapporté par les médias mainstream qui ont directement accusé les soldats éthiopiens. 

Dans ce cadre, le Soudan a annoncé le rappel de son ambassadeur d’Éthiopie et a convoqué l’ambassadeur éthiopien à Khartoum au ministère des Affaires étrangères. Pour sa part, l’Éthiopie a démenti les accusations portées par le Soudan selon lesquelles l’armée éthiopienne était impliquée dans l’incident à la frontière commune, qui s’est produit le 22 juin et a entraîné la mort de plusieurs personnes. 

Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré lundi que, ce jour-là, il y avait eu une invasion du territoire éthiopien par des unités de l’armée régulière du Soudan, soutenues par des éléments du Front populaire de libération du Tigré. La milice éthiopienne locale a agi contre eux. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le gouvernement éthiopien « regrette la perte de vies humaines à la suite d’une escarmouche entre l’armée soudanaise et une milice locale sur laquelle une enquête sera menée prochainement ». 

L’Éthiopie « rejette catégoriquement la déformation de ces faits par les médias mainstream et les fausses informations rapportées aux forces de défenses soudanaises qui ont injustement blâmé l’Éthiopie alors que c’est l’unité de l’armée soudanaise qui a franchi la frontière éthiopienne provoquant l’incident », et a exprimé « l’espoir que le gouvernement soudanais s’abstiendrait de toute escalade de l’incident et prendrait des mesures susceptibles de désamorcer la situation. 

“Le Gouvernement éthiopien estime que l’incident a été délibérément concocté pour saper les relations profondément enracinées entre les peuples éthiopien et soudanais. En plus de cela, l’incident a été conçu pour détruire l’Éthiopie de sa voie de paix et de développement. Le gouvernement éthiopien reste cependant attaché aux principes de résolution à l’amiable des différends entre les États”, a déclaré le ministère. 

Les escarmouches entre les deux pays voisins sont devenus courantes ces dernières années au sujet de la région frontalière contestée et fertile d’El-Fashaqa, principalement après que les forces armées éthiopiennes ont lancé leur offensive contre les rebelles du TPLF dans la région du Tigré. C’est principalement à ce moment-là que des heurts ont eu lieu à la frontière entre le Soudan et l’Éthiopie, essentiellement dans la zone d’El-Fashaqa. 

Le ministère soudanais des Affaires étrangères, Asma Mohamed Abdalla, aurait déclaré à propos de la dernière escarmouche : “les hommes avaient été capturés sur le territoire soudanais le 22 juin et emmenés en Éthiopie où ils ont été tués”. Selon un responsable militaire soudanais, les soldats ont été capturés dans une région frontalière près de la zone d’El-Fashaqa. 

Des rapports ont également indiqué que si le ministère avait convoqué l’ambassadeur éthiopien à Khartoum, il a également rappelé son propre ambassadeur d’Addis Abeba pour des consultations et il a en outre été déclaré que le Soudan était en train de se préparer à déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.   

L’armée soudanaise a accusé dimanche soir l’Éthiopie d’exhiber les corps en public, a rapporté Arab News. Dans un acte qui contrevient à toutes les lois et coutumes de la guerre et au droit international humanitaire, sept soldats soudanais et un citoyen ont été abattus. “Cet acte perfide ne passera pas sans réponse”, a déclaré l’armée dans un rapport. 

Depuis 1902, l’Éthiopie et le Soudan se sont engagés dans un différend frontalier sur un endroit appelé El-Fashaqa, une bande de terres fertiles, que les deux pays se disputent à la suite de la démarcation hasardeuse de l’endroit lorsque le Soudan était sous la domination coloniale britannique. Il y a eu des affrontements sporadiques entre les forces des deux pays, mais la situation s’était rapidement calmée jusqu’à ce que l’Éthiopie repousse les groupes rebelles soutenus par les États-Unis. 

Récemment, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Demeke a fait part aux législateurs de la détermination de l’Éthiopie à régler le problème frontalier avec le Soudan en poursuivant une voie pacifique “sans infliger d’atrocités”, en déclarant : “Nous nous efforçons de résoudre la question de manière pacifique et l’Éthiopie continuera dans cette direction et nous voulons signaler que nous travaillons à ce niveau. 

Ce n’est évidemment pas la première fois que des échauffourées apparaissent dans la région d’El-Fashaqa.  

Ce n’est pas la première fois que les rebelles du TPLF ont tenté de créer une guerre entre l’armée soudanaise et l’armée éthiopienne. À plusieurs reprises, les rebelles s’étaient emparés de l’uniforme des soldats éthiopiens et même érythréens et avaient commencé à attaquer les soldats soudanais pour créer une guerre entre le Soudan et l’Éthiopie. Et derrière ce genre de scénario se trouvent évidemment des puissances comme Washington ou encore l’ONU. 

En rappel, neuf groupes rebelles éthiopiens ont signé une alliance à Washington, baptisée Front uni des forces fédéralistes et confédéralistes éthiopiennes. Et leur mot d’ordre : ‘Notre intention est de renverser le régime’, a déclaré le représentant du TPLF lors de la signature de cette alliance à Washington. 

Le TPLF et l’OLA font partie de cette union avec sept autres organisations moins connues basées dans diverses régions Gambella, Afar, Somalie, Benishangul ou ethnies Agew, Qemant, Sidama en Éthiopie. 

Il y a un peu plus d’une semaine, c’était les rebelles de l’OLA, donc les rebelles Oromos qui avaient massacré des centaines de civils et qui ont essayé d’imputer cette tuerie aux forces progouvernementales. 

Et ces scénarios apparaissent donc tout de suite après l’apparition, il y a un mois, du nouvel émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Mike Hammer. Ce qui nous laisse évidemment croire que ces coups montés viennent certainement de lui et de son équipe. L’ancien émissaire américain, David Satterfield, a directement été remplacé suite à ces échecs dans la déstabilisation de l’Éthiopie et de la Corne de l’Afrique.  

Les quatre pays couverts par la mission de Mike Hammer sont la Somalie, Djibouti, l’Éthiopie et l’Érythrée. 

Mais sa cible principale pour le moment c’est bien la déstabilisation de l’Éthiopie, qui est devenue un pivot géopolitique de taille dans la Corne de l’Afrique. En déstabilisant ce pays, l’effet domino pourrait faire le reste. C’est donc pour cela que depuis un mois, il y a des scénarios qui s’installent en Éthiopie comme le massacre effectué par les rebelles de l’OLA dans la région ou encore des soldats soudanais qui se font tuer à la frontière dans la région d’El-Fashaqa.  

Des scénarios similaires apparaissent d’ailleurs un peu partout en Afrique, là où les États-Unis veulent s’implanter, notamment en Afrique de l’Ouest, principalement au Mali, ou en Afrique Central en RDC.  

Ces scénarios entrent donc dans la politique de recolonisation de l’Afrique par Washington.  

Il est important également de préciser que si ces scénarios se mettent en place en Afrique, c’est parce que les États africains n’ont pas l’intention de laisser les États-Unis prendre le monopole du continent. Si la France et ses alliés européens se font chasser des quatre coins du continent, ce n’est certainement pas pour que les États-Unis prennent leur place. C’est pour cela qu’ils sont obligés d’avoir recours à ce genre de pratique, car ils savent que face à un continent uni, aucune puissance ne pourra plus recoloniser l’Afrique ! 

2. Commonwealth/Afrique : l’Occident continue d’importer l’Ukraine, mais c’est l’échec ! 

Le Sommet des chefs d’État du Commonwealth s’est conclu, samedi, à Kigali, au Rwanda. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a tout fait pour imposer un soutien à l’Ukraine. Mais 18 pays, notamment africains, ont refusé. 

Arrivé à Kigali mercredi dernier, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, annonçait vouloir ‘renforcer la coopération entre le Canada et l’Afrique’. Pour ce faire, il comptait sur le Sommet des chefs d’État du Commonwealth (CHOGM 2022). Un événement qui a été reporté pendant deux ans en raison de la pandémie de la Covid-19. 

Sa tenue au Rwanda, entre le 21 et le 25 juin, était l’occasion d’annoncer l’intégration du Togo et du Gabon au sein du bloc anglophone. 

Après plusieurs annonces, comme celle du statut d’observateur permanent du Canada auprès de l’Union africaine (UA), ainsi que celle de la création d’une commission spéciale Rwanda-Canada, le Premier ministre Trudeau a initié une série de plus de 20 rencontres. Objectif : arriver à convaincre ses homologues, principalement africains, de formuler une condamnation officielle de la ‘militarisation de la crise alimentaire par la Russie’ au nom du Commonwealth. Le dirigeant canadien voulait également faire ‘condamner l’opération militaire russe en Ukraine’ par les chefs d’État présents. 

Or, le communiqué final du Commonwealth dit simplement que le ‘Commonwealth of Nations prend note de la résolution de l’ONU condamnant la Russie’. Quant à la crise alimentaire, à laquelle la journée du vendredi était consacrée, les chefs d’État africains ont appelé à ‘promouvoir l’investissement du Commonwealth dans l’agriculture en Afrique’. 

Les présidents africains ne veulent pas parler de l’Ukraine avec Trudeau 

La chaîne canadienne CBC estime que ‘Trudeau s’est ridiculisé’ à Kigali. Les tête-à-tête du Premier ministre canadien avec Paul Kagame (Rwanda), Hakainde Hichilema (Zambie), Muhammadu Buhari (Nigeria), Nana Akufo-Addo (Ghana), mais également avec la directrice de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat, ainsi que le président de la CAF Patrice Motsepe ont surtout montré que les leaders africains refusent tous de prendre position quant à l’Ukraine. 

Kagame et Hichilema ont préféré, pour leur part, discuter d’écologie avec le leader nord-américain. Quant à Akufo-Addo et Buhari, bien qu’ils aient accepté les ‘félicitations pour la condamnation de la Russie’ à l’ONU par Trudeau, ils ont clairement évité de discuter le sujet. 

D’autres présidents africains, invités au Rwanda pour le CHOGM 2022, se sont absentés. Filipe Nyusi du Mozambique et Yoweri Museveni de l’Ouganda notamment. Mais, également, les nouveaux membres du Commonwealth, le Togo et le Gabon, qui étaient représentés par leurs ministres des Affaires étrangères. Ali Bongo, pour sa part, a justifié son absence par ‘la recrudescence des cas de Covid-19’. Quant à Faure Gnassingbé, il a simplement tweeté qu’il remerciait le Commonwealth d’avoir accepté l’adhésion de son pays. 

Du côté de l’Afrique du Sud, dont le président Cyril Ramaphosa était également attendu à Kigali, un autre sommet a eu la primauté sur le CHOGM 2022. En effet, Cyril Ramaphosa est resté à Pretoria, d’où il a assisté aux travaux du 14e Sommet des BRICS en visioconférence. L’Inde, également membre du Commonwealth, s’est absentée pour la même raison. 

3- Les États membres de la CIRGL s’engagent à adopter des lois nationales sur l’entraide judiciaire

Cet engagement a été coulé dans la déclaration de Kinshasa signée jeudi 16 juin 2022, à Kinshasa, lors de la clôture de la 2e réunion ministérielle du Réseau des ministres de la Justice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.

Où en sont les relations entre les pays de la région des Grands Lacs et comment analyser la situation sur le plan militaire et diplomatique dans cette région ? Luc Michel, géopoliticien belge, s’exprime sur le sujet.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV