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Une normalisation choc pour chasser le Sultan ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le chef de la diplomatie des EAU cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyan (G) et le président syrien Bachar Assad à Damas, le 9 novembre 2021. ©AFP

La récente visite du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis en Syrie et les efforts pour réintégrer la Syrie dans la Ligue arabe sont en totale contradiction avec les objectifs de la Turquie en Syrie.

La visite du ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis à Damas a été un événement important et cela affectera non seulement les développements politiques dans les pays arabes, mais aussi les intérêts et les objectifs politiques de la Turquie, d’autant plus que la Turquie a, ces dernières années et pendant la crise syrienne, été un acteur important et a ouvertement cherché à renverser le gouvernement de Bachar Assad, en soutenant ses opposants.

Mais les politiques de la Turquie n'ont rien amené que le gaspillage des dizaines de milliards de dollars d'argent, et personne ne peut nier le fait que la Turquie a échoué en Syrie.

En contrepartie, la Syrie est sortie de l'isolement imposé et, malgré toutes les pressions, est en passe de réparer ses relations diplomatiques.

La Turquie et le monde arabe

Pendant ces dernières années, la Turquie s'est visiblement éloignée du monde occidental et a constamment mis l'accent sur une stratégie importante appelée « retour en Asie ». Cependant, il n'a pas été en mesure de prendre des politiques sérieuses dans les questions liées aux pays arabes.

A titre d’exemple, les relations entre la Turquie et l'Égypte n'ont pas encore été normalisées, malgré plusieurs séries de pourparlers des partis turques et égyptiennes.

La Turquie continue d'être une force d'occupation dans des régions importantes de la Syrie et est le seul pays qui a reconnu le gouvernement provisoire des terroristes anti-Assad.

Le nouvel ambassadeur de Turquie aux Émirats arabes unis est en fonction, mais il n'y a pratiquement aucune relation sérieuse entre Ankara et Abu Dhabi.

Lire aussi : Syrie: les monarchie arabes, fiables ?

La Ligue arabe a récemment demandé dans un communiqué virulent à la Turquie de quitter les terres arabes d'Irak et de Syrie et à mettre fin à son occupation militaire.

La position américaine sur la Syrie et l'approche contradictoire de la Turquie

Pendant ces dernières années, la Turquie a eu un comportement contradictoire face aux Américains en Syrie. D’une part, la Turquie, comme les États-Unis, veut renverser le gouvernement syrien et a dans le sillage soutenu les terroristes opposants à Bachar Assad et d’une autre, il proteste toujours contre le soutien de Washington aux milices kurdes contrôlées par le PKK dans le nord de la Syrie.

Encore aujourd'hui, dans le cas de la visite du ministre émirati à Damas, l'appareil diplomatique turc se trouve dans un dilemme. En d’autres termes, il ne sait pas s'il doit se rapprocher des Etats-Unis ou prendre position contre eux ! Le département d'État des Etats-Unis a déclaré dans un communiqué qu'il était préoccupé par la rencontre entre le président syrien Bachar Assad et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyan.

La question est de savoir si la Turquie peut-elle facilement prendre position contre les Emirats arabes unis et la Syrie, suivant cette vision de Washington ? La réponse est « non ».

Premièrement, la Turquie et la Syrie partagent plus de neuf cents kilomètres de frontière, et deuxièmement, la Turquie a toujours considéré les EAU comme un rival dangereux dans le cas syrien, mais maintenant elle cherche à normaliser les responsables d’Abou Dhabi ???

La différence entre le comportement d'Assad, Al Nahyan et Erdogan

L'image publiée du président syrien accueillant le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis ne ressemblait en rien à la rencontre des politiciens qui ont longtemps été ennemis.

Ils se sont chaleureusement embrassés et, conformément à la logique du monde de la diplomatie et de la nécessité de protéger les intérêts nationaux, ont surmonté tous les litiges et les souvenirs amers de ces dernières années.

Assad et Al-Nahyan ont montré qu'en tant que responsables politiques, ils ne peuvent pas confondre émotions individuelles et enjeux politiques.

Mais le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a montré à plusieurs reprises qu'il n'avait pas cette caractéristique, et les relations politico-économiques cruciales de la Turquie avec des pays comme l'Arabie saoudite et l'Égypte ont été facilement affectées par le fait qu'Erdogan ne peut pas se montrer flexible. Le fait est que le comportement et les traits de personnalité d'Erdogan ont rendu complexe les relations diplomatiques de la Turquie avec les autres pays du monde.

En fin de compte, la visite du chef de la diplomatie émiratie à Damas a une fois de plus montré que malgré toutes les pressions internationales, les développements politiques en Syrie n’ont pas été au gré des ennemis du président syrien. Ankara est également dans une situation très compliquée, puisque d'une part, il voit ses relations avec les pays arabes en danger, et d'autre part, en plus d'accepter son échec en Syrie, il doit aussi accepter le fait que malgré tous les accords conjoints Ankara-Doha, la concurrence régionale dans le dossier syrien est considérablement allé en faveur de ses rivaux, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV