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Présence US en mer Rouge menacée ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des combattants d'Ansarallah. (Photo d'archives)

Il faut que vous trouviez un accord avec Sanaa pour que vous puissiez bloquer les percées de l’armée yéménite et des Comités populaires ; voici le message qu’a véhiculé le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, lors de son déplacement en Arabie saoudite.

Mais pourquoi la libération de Maarib par les forces de Sanaa fait peur aux États-Unis et pourquoi ces derniers s'impliquent directement dans cette bataille ?

À vrai dire, ce n’est pas la position géographique très stratégique de Maarib qui intéresse les Américains. Ils croient que la « chute » de Maarib aura d’importants impacts sur leur stratégie dans le nord aussi bien que dans le sud du Yémen.

  1. En prenant le contrôle de Maarib, le gouvernement de Salut national, basé à Sanaa, se procurera une source de revenu viable.
  2. Les revenus provenant de la vente de pétrole et de gaz affaibliront le blocus imposé par les États-Unis et l’Arabie saoudite au Yémen.
  3. Les régions contrôlées par le gouvernement de Sanaa connaîtront une meilleure situation économique.
  4. L’indépendance politique du Yémen, qui sort de la tutelle de l’Arabie saoudite, sera renforcée.
  5. La province de Chabwa, qui donne sur la mer d’Arabie, sera plus facile à libérer. Riche en ressources d’hydrocarbure, Chabwa possède les infrastructures nécessaires pour le transfert et l’exportation du pétrole et du gaz, d’autant plus que du gaz liquéfié est exporté depuis cette province.
  6. Le port de Bir Ali sera sécurisé. Situé proche du port de Balhaf, Bir Ali sert d’une plateforme pour l’exportation du pétrole de Chabwa. Le port donne également accès aux oléoducs Chabwa-Bir Ali.
  7. L’est du Yémen sera plus facilement libéré.
  8. La libération de Maarib posera problème aux groupes séparatistes à Aden car l’armée yéménite et les Comités populaires pourront ainsi saisir les régions de Chabwa qui leur permettront de prendre le contrôle des ressources pétrolières et gazières de cette province. Cela privera les groupes opérant à Aden des revenus pétroliers qui soutiennent l’économie de la ville.
  9. La libération de Chabwa permettra au gouvernement de Sanaa d’avoir un accès libre à la mer d’Arabie et l’Océan indien où circulent les navires commerciaux et militaires internationaux.
  10. Des affrontements éclateront entre les miliciens à la solde de Riyad et les mercenaires d’Abou Dhabi en raison de la réduction de la superficie géographique des régions étant sous le contrôle du gouvernement de Hadi que l’Arabie saoudite tente de faire revenir au pouvoir.   

Là, les États-Unis et leurs alliés saoudiens et émiratis n’ont que deux options à adopter : soit ils doivent rester les bras croisés face à la libération de la province de Maarib et du champ pétrolier de Safer par le gouvernement de Sanaa et leur demander, en échange, de s’arrêter de progresser en faveur des négociations de paix pour le partage du pouvoir au Yémen, ou soit ils doivent faire de leur mieux pour empêcher la libération de Maarib.

Si les Américains choisissent d’opter pour la deuxième option :

  1. Ils pourraient attaquer Hodeïda pour en prendre le contrôle à moins qu’ils disposent d’assez de forces, de fonds et de carburant. Ce qui n’est pas le cas pour le moment.
  2.  Ils pourraient lancer une cascade de raids aériens pour stopper les percées des combattants yéménites au risque que les bases militaires américaines en Arabie saoudite soient prises pour cible par les missiles d’Ansarallah. 
  3.  Ils pourraient faire impliquer les terroristes d’Al-Qaïda dans les conflits contre les combattants yéménites à Maarib, bien que cette stratégie ait déjà échoué dans d’autres régions, aboutissant à la fuite en bloc des takfiristes.
  4. Ils pourraient proposer la levée du siège de Maarib en échange de la fin des offensives. Cette proposition continue d’être rejetée par Ansarallah qui y voit une tentative de réorganisation de forces dans la partie saoudienne.

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Les développements en cours laissent penser que les États-Unis cèleraient très probablement aux efforts d’Ansarallah de prendre le contrôle de la ville de Maarib et du champ pétrolier de Safer, car ils n’ont pas les moyens nécessaires pour mettre fin aux percées des combattants yéménites.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV