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Israël a-t-il vraiment tué Fakhrizadeh à coup d'arme satellitaire intelligente ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une explosion a eu lieu dans une usine de roquettes dans le centre d'Israël, le 20 avril 2021. (Capture d'écran/Twitter)

Ce récit exagérément scénique que le Mossad a fait publier il y a deux jours par The New York Times interposé sur l'assassinat en novembre 2020, près de Téhéran, du savant nucléaire en chef iranien Fakhrizadeh, qui tend à n'en pas douter, à limiter la casse stratégique que continue à être la Grande évasion de Gilboa, laquelle casse a coûté des millions de shekels aux colons sionistes jusqu'ici, non pas pour être résolu mais seulement déguisé, est tombé peu après que Gantz eut déclaré la "reddition d'Israël" face à la ligne "nucléaire" de Biden qui tournerait, dit-on autour du dialogue pour "empêcher l'Iran d'avoir sa bombe".

Du coup, cette tentative grotesque d'"esthétiser" un crime abject, tout comme l'a fait l'US Army le 31 août à l'aéroport de Kaboul, quand les C-170 US ont balancé les collabos afghans du haut de leurs appareils pour fournir de quoi stimuler l'imaginaire d'Hollywood, devient tout simplement ridicule : Car entre un régime qui se dit capable de faire infiltrer en Iran un FN MAG de fabrication belge d'une tonne en pièces détachées puis le faire assembler sur place puis le faire connecter au satellite avant de le faire monter à bord d'une camionnette qui a tué le savant près de Téhéran et les propos d'un Gantz qui reconnaît à travers son soi-disant alignement, la défaite de plus de 12 ans de campagne de guerre sioniste contre les capacités nucléaires iraniennes, il y un écart assez parfaitement frappant. Car si l'entité avait une telle maîtrise du terrain, si l'appareil sécuritaire iranien portait de si grosses failles, Israël se verrait-il dans l'obligation de dire oui à Biden? 

Ce samedi, à peine deux ans après le fameux article du New York Times, une quatrième explosion en l'espace d'à peine quelques jours a secoué Haïfa. Evidemment ce ne sont pas les genres d'infos à couvrir en ces temps particulièrement troubles en Méditerranée où le Hezbollah continue à faire avancer le corridor maritime Syrie-Iran-Liban sans que Shéa ni Bennett puissent lever le petit doigt. C'est Haïfa, et Haïfa veut dire des missiles tactique, des réservoirs d'ammoniac, des raffineries, des navires de guerre... et évoquer un Haïfa qui tremble tous les trois jours par une explosion déguisée en fuite de gaz à partir d'immeubles anciennes, ce serait un peu limite. 

Et pourtant le journal israélien Jerusalem Post  affirme que l’explosion a été d’une telle intensité que plusieurs immeubles risquent de s'effondrer. "Les responsables israéliens dont les directeurs de la municipalité de la ville de Haïfa ont observé pour le moment le silence au sujet des raisons de cette explosion mais les secouristes disent que l’immeuble est menacé d’effondrement et que tous ses habitants ont été évacués. Le site d’information de Maariv a annoncé que l’explosion a fait de grandes fissures dans les murs de l’immeuble, le quatrième à être la cible d'attaque de ce genre en une seule semaine.

Cet incident, qui a débuté très curieusement et à peine 20 jours après l'assassinat de Fakhrizadeh et atteint un sommet en février quand l'usine à fabrication des missiles Tamir (Dôme de fer) et des pièces d'Arrow à Gush Dan a explosé avant d'être ravagé par un méga incendie, reste toutefois trop incompatible avec l'image d'un Mossad qui trafiquerait des armes satellitaires de 1000 kg en Iran comme si les frontières iraniennes ressemblaient à cette DCA multicouche d’Israël alias "passoire".  

Au fait, peu d'observateurs ont relevé plus de 100 incendies et explosions survenus en Israël tous de nature "inexpliquée". Et pourtant il le fallait : car outre des drones et des missiles dont l'usage est appris, à en croire Gantz aux "mandataires yéménites, palestiniens, libanais et irakiens" de l'Iran, lesquels "mandataires" entourent l'entité, il pourrait y avoir que cette fameuse arme de crime avec quoi Fakhrizadeh a été assassiné, ait son équivalent "iranien". 

Le premier février, l'Iran a testé avec succès le porte- satellite Zoljenah sous les yeux ahuris des stratèges du Pentagone qui assistaient là à un second teste "spatial" iranien en moins d'un an, le premier étant le lancement du satellite militaire Nour-1 en avril 2020.

En février, juste au moment où Tomer explosait, les médias iraniens ont annoncé le lancement du  nouveau porte-satellite, à trois étages et triphasé, Zoljenah,  capable de transporter et de mettre en orbite à 500 km au-dessus de la surface terrestre soit un satellite de 220 kilogrammes (485 livres), et qu'il utilise du combustible solide dans les premier et deuxième étages et du carburant fluide dans le troisième. Pour la première fois dans le domaine des sciences spatiales, le premier test de lancement du porte-satellite Zoljenah a été réalisé après avoir réalisé la technologie de moteur à combustible solide la plus puissante dans le but de mener des tests suborbitaux». 

Le plus puissant, cela veut dire qu'en 70 secondes d'activités en moyenne, le propulseur Zoljenah a pu atteindre 15 kilomètres d'altitude, ce qui est énorme quand on sait que l'Iran n'est entré dans le club des puissances aérospatiales qu'il y a à peu près dix ans et qu'entre son premier porte-satellite Safir et le second Simorgh qui ont raté leur teste et le troisième Nour 1 qui l'a réussi, il n'y a eu pour tout et en tout que trois ans d'écart. Tout ceci pour dire que des  ciblages à l'EMP, l'Iran s'y connait et que si  Israël dit avoir renoncé à ses coups anti nucléaire iraniens, c'est qu'il y a été mené de force et avec autorité.

Foreign Policy commente : " Israël est trop faible pour faire face à l’Iran. Les autorités israéliennes ne cessent de lancer des menaces d’attaques contre l’Iran, une intimidation que les analystes jugent propre à une consommation intérieure. Le ministre de la Guerre Benny Gantz a parlé, ces dernières semaines, à deux reprises de « la volonté d'Israël de frapper militairement l'Iran pour l'empêcher de faire avancer son programme nucléaire ». Et comme pour attiser l'ambiance alarmiste, le chef d'état-major des Forces de défense israéliennes (FDI) Aviv Kochavi a dit que les « progrès du programme nucléaire iranien avaient conduit Tsahal à accélérer ses plans opérationnels pour une attaque contre l’Iran. Pour sa part, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a déclaré que son pays était prêt à agir seul contre l'Iran s'il en ressentait le besoin. Il a fait ces remarques après une attaque contre un pétrolier géré par Israël au large des côtes d'Oman, pour laquelle Tel-Aviv et ses alliés ont blâmé l'Iran.

Israël avait mené dans le passé des opérations relativement limitées contre l'Iran, telles que des raids contre des alliés iraniens en Syrie et des sabotages nucléaires, et pourrait continuer à agir de la sorte. Mais dans quelle mesure faut-il croire que Tel-Aviv est vraiment prêt à lancer une frappe contre l'Iran, sachant pertinemment que cela risque de basculer les deux pays et leurs alliés dans une vraie guerre ? Les contraintes politiques et militaires pesant sur les décideurs israéliens suggèrent qu'une telle confrontation militaire est improbable. »

« Parler d'une frappe imminente et non dissimulée de Tsahal contre le territoire iranien, c'est ignorer une norme établie de longue date qui régit les relations américano-israéliennes : Israël ne peut simplement pas ignorer les souhaits et les préoccupations de son principal meneur, en particulier lorsque la politique étrangère américaine et ses priorités sont en jeu. Israël est incapable de porter des coups aux forces armées iraniennes, à la fois dans le ciel et sur les mers si les USA ne l'aident pas »

Intelligente conclusion qui renvoie à celle du chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Bagheri qui vient de dire ce lundi : " Des dizaines de navettes aux États-Unis pour que ces derniers l'aident à attaquer l'Iran, et Israël qui a dû se replier puisque sans l’Amérique il est mille fois rien"! 

« Ces menaces, note The Foreign Policy, sont en partie adaptées à la consommation intérieure. Dans un contexte social hautement militarisé qui a progressivement dérivé vers l'extrême droite au cours des dernières décennies, parler du bombardement de l'Iran peut être un effort pour ne pas paraître faible devant ses rivaux politiques. Elles peuvent également être perçues comme un moyen de renforcer la position d'Israël vis-à-vis de l'administration Biden sur des questions beaucoup plus proches de nous que le programme nucléaire iranien. En alimentant constamment l'idée d'une frappe contre l'Iran, les dirigeants israéliens peuvent proposer de renoncer à leurs plans inexistants d'une guerre totale avec l'Iran en échange d'autres gains : que Biden abandonne son opposition à l'expansion des colonies illégales dans les territoires occupés et accorde davantage d'aide militaire et financière à Israël. », conclut Foreign Policy. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV