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La Résistance ne laissera pas le Liban crever, fût-ce au prix d'une méga bataille

Makran dans la mer Baltique (ISW)

La puissante marine russe n'aurait sans doute jamais cru que le fait d'avoir invité à la parade de Saint-Pétersbourg la 77e flotte iranienne composée du plus grand navire logistique du Moyen-Orient à savoir le Makran et du destroyer Sahad aux larges capacités de guerre électronique mettrait sens dessus dessous le camp atlantiste qui se plaît à lui chercher des noises depuis bientôt trois mois non seulement en mer Noire et en Crimée ou encore en Arctique, mais bel et bien en Méditerranée orientale, le but étant évidemment de harceler la Russie au point d'en arracher des concessions de taille genre son éloignement d'avec la Résistance en échange d'une coexistence plate et sans intérêt au Moyen-Orient.

Et pourtant c'est le cas : jamais une flotte navale partie en mission en haute mer n'aura suscité autant de spéculations à chaque étape de son périple. Jeudi, le ministère danois de la Défense a publié un communiqué photo satellite à l'appui du duo Makran Sahand voyageant près de l'île danoise de Bornholm, en phase de traverser la mer Baltique.

Il affirmait aussi avoir escorté la flotte iranienne tout comme la France et la Grande-Bretagne qui quelques jours plus tôt en ont fait de même quand Makran-Sahand s'apprêtait à travers le canal de la Manche où les deux parties ont parsemé cette traversée par une multitude de messages, de tweets et de photos satellites pour exprimer de façon à peine indirecte leur inquiétude de voir la marine iranienne sortir du golfe Persique, de la mer d'Oman et de l'océan Indien pour se rendre, avec armes et munition à bord, en Atlantique, au risque de provoquer la panique chez l'US Navy qui y voyait un acte de livraison de missiles anti navire de vedettes rapides du CGRI à la marine vénézuélienne et partant une transformation du canal de Panama en un nouveau détroit d'Hormuz, pour arriver dans les eaux européennes, soit dans cette zone de tension Russie-OTAN. Ce samedi, on apprend que le porte-hélicoptères Makran, accompagné de son navire de soutien, Sahand, appartenant à la Marine de l’armée iranienne, sont arrivés à Saint-Pétersbourg, en Russie.

La nouvelle a été annoncée par l’ambassadeur de la République islamique d’Iran à Moscou, Kazem Jalali, qui a ensuite ajouté que l’amiral Hossein Khanzadi, commandant de la Force navale stratégique, était attendu au défilé naval de la Marine russe, prévu le dimanche 25 juillet à l’invitation du ministre russe de la Défense, défilé qui verra le Sahand faire une démonstration de force aux côtés de 54 autres navires de guerre dont ceux de l'Inde et du Pakistan et 4 000 membres du personnel militaire prenant part aux exercices.    

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Toujours selon l’ambassadeur, « l’amiral Khanzadi rencontrera des responsables militaires de haut rang de la Russie et d’autres pays en marge du défilé qui pour le volet iranien consistera à ce que le porte-hélicoptères Makran, considéré également comme une base navale mobile, s’arrête au début du canal Volga où il rejoindra le défilé en raison de la faible profondeur des eaux du lieu réservé au défilé et la grande taille de ce vaisseau. Un premier niveau d'analyse y verra évidemment et sans risque de se tromper un net approfondissement des coopérations navales Téhéran-Moscou qui s'inscrit comme chacun pourrait s'en douter dans un schéma global de rapprochement de l'Iran de la Russie et de la Chine, après les déboires pro-occidentaux qu'il a connus dans le cadre de l’accord de Vienne. Surtout qu'en même temps l'Iran participe à un autre exposé géant russe ; MAKS-2021 à titre de l'un des pays les plus vus et les plus actifs avec 30 entreprises. 

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L’ambassadeur iranien a d'ailleurs rencontré, vendredi 23 juillet, le vice-ministre russe de la Défense pour discuter des coopérations militaires et défensives bilatérales. 

Lors de cette réunion, le colonel général russe Alexandre Fomine a remercié l’Iran pour sa participation au Salon aérien MAKS-2021 tout en soulignant que l'air et la mer offrent de nouvelles opportunités de coopération aux deux pays. La présence de deux navires iraniens au défilé naval de la Russie à Saint-Pétersbourg, les coopérations défensives et militaires ainsi que les développements de la région ont figuré au menu des discussions des deux responsables. 

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Mais plus d'un analyste verrait dans ces pas militaires coordonnés bien plus que des échanges d'amabilité irano-russes, soit deux partenaires qui travaillent depuis plus de 10 ans en Syrie aux côtés de l'État syrien pour basculer l'ordre unilatéral établi atlantiste. Certains d'entre eux pensent à titre d'exemple à la situation prévalant au Liban et ne se gardent pas de mettre en avant les hypothèses genre : la marine iranienne s'exercerait sur un champ de bataille grandeur nature à tenir tête à l'armada otanienne que l'axe US/Israël a déployé depuis un an, à savoir depuis le 4 août 2020 sur les côtes libanaises à l'effet d'agir dans le sens d'un désarmement du Hezbollah.

Ces analystes relèvent deux points : Selon l'UNICEF, affilié aux Nations unies, quatre millions de Libanais et des millions de réfugiés risquent le pire, n'ayant pas accès libre à l'eau potable.

La Fédération des Boulangeries libanaise a mis en garde contre la survenance d'une grave crise du pain, à la suite de l'arrêt de travail des boulangeries en raison du manque de gazole.

Et bien ces mêmes experts affirment que le Hezbollah ne laissera pas que les Libanais meurent de soif et de faim et que les trois pétroliers iraniens accostés à Baniyas sous l’œil bienveillant de la Russie ont toutes les chances d'ouvrir le tronçon libanais du corridor naval anti sanction US vers le Liban, ce qui entre après tout dans la logique des choses puis ce corridor va naturellement vers n'importe quel pays victime des sanctions US d'autant plus que le Liban est la terre de la Résistance. Or, relèvent ces mêmes commentateurs, il se pourrait que cette initiative donne lieu à des “représailles” atlantistes et israéliennes, car ce sera là le début de la fin de la mainmise Israël/OTAN sur le destin des Libanais et de cette politique honteuse “rend-toi ou meurt de faim”. D’autant qu'au Liban plus personne à part quelques poignées d'inféodés ne soutiennent plus l'axe US/France/Riyad/Tel-Aviv et ses politiques génocidaires et foncièrement anti Liban. Et bien le Makran et Sahand seraient là en ce jour à soutenir que le Liban ne s'effondre pas. On ne sait pas si la marine russe sera aussi de la partie ou pas, mais Tartous, lui, est grand ouvert sur la Résistance.

Face au duo Makran-Sahand, les Sa'ar sioniste voire les Defender réfléchiront à deux fois avant de passer à l'acte, les premiers ayant déjà le goût des missiles antinavire Nasr du Hezbollah, ceux de 2021 de Gaza dans la bouche, le second n'ayant toujours pas oublié le royal épisode de la saisie de Steno Impero par un commando du CGRI dans les eaux du golfe Persique. 

Certes l'armada de l'OTAN a de jolis armements embarqués pour aider Israël, mais ce que possèdent Sahand et Makran ont ceci de particulier qu'ils sont uniques et donc non repérables. On pense par exemple à ce radar à longue portée iranien passif à balayage électronique ASR, capable de détecter les bateaux, les aéronefs volant à basse altitude avec une section transversale radar (RCS) de 4 m2 (43 pieds carrés) à une portée de 5 à 110 nm. Le radar naval ASR indigène utilise un réseau passif à balayage électronique, qui peut être déployé à terre ou sur des navires, ce qui le rend moins vulnérable aux missiles antiradars qui utilisent des signaux radar pour se diriger vers leur cible. Le jour j, cela aidera les unités de missiles antinavires Iran-Hezbollah-Syrie-GA.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV