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Le triangle Iran-Chine-Russie compte-t-il briser la "suprématie USA/Israël" au Moyen-Orient ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La batterie de DCA iranienne, Bavar-373. (Archives)

La crainte de voir une DCA Iran-Chine-Russie émerger au Moyen-Orient pour y contrer la suprématie aérienne USA/Cie aurait-elle motivé entre autres l'accord EAU-Israël ? Possible, rien qu'à voir la tournure que prennent les événements côté alliance Résistance-camp Est. En effet, ces frappes que la Résistance irakienne lance désormais quotidiennement et même à raison de 2 ou 3 fois par jour et qui visent à travers tout l'Irak soit l'ambassade US, soit ses bases aériennes ou encore ses principales voies de transit logistiques et va même désormais au-delà des frontières irakiennes au Koweït voisin, sont bien plus que de simples avertissements: Il y a certes, le PM Kazemi qui s’apprête à se rendre à Washington avec quatre de ses ministres régaliens mais de là, à voir dans ce boom de tirs de missiles anti-US, seulement un frein anti-concession contre le PM irakien, c'est un pas que des commentateurs aguerris ne franchiraient pas

En effet, ces frappes dont la dernière a visé lundi soir l'ambassade US dans la zone Verte seraient destinées surtout à prouver à quiconque penserait encore le contraire que ce "parapluie de DCA US au Moyen-Orient" dont McKenzie a encore osé évoquer l'idée il y a quelque jours, n'est qu'une imposture: Tajji, Balad ou encore l'ambassade US à Bagdad transformée à l'occasion en base militaire, tout comme Aïn al-Asad à al-Anbar accueillent les batteries de missiles Patriot, parfaitement incapables de contrer les projectiles relativement de peu de puissance qui sont tirés désormais régulièrement contre les cibles américaines

Les Américains en sont parfaitement conscients eux, dont le porte-parole, le général Coggins, a même pris la fuite mercredi dernier lors de l'une de ces frappes aux roquettes dont seule la Résistance a le secret, alors même qu'il s'entretenait avec une chaîne irakienne !

La réponse à cette question stratégique renvoie droit à ce retentissant vote anti-US au Conseil de sécurité vers quoi a subtilement conduit l'alliance politique Iran-Chine-Russie, laquelle alliance a déjà une dimension militaire qui s'amplifiera sans nul doute dès le mois d'octobre, fin officiel de l'embargo.

Dimanche, le ministre iranien de la Défense, le général Hatami, est revenu d'ailleurs sur ce vote et cette alliance en soulignant que l'Iran compte effectivement se renforcer et aller, une fois l'épidémie de Covid-19 maîtrisée, vers de nouvelles manœuvres navales conjointes comme celle du 27 décembre 2019 quand les marines Iran/Chine/Russie ont relié le golfe Persique à l'océan Indien et ce, sous les yeux ahuris des troupes US basées à Diego Garcia

Dans un récent article, Defense.org s'inquiète très clairement de la perspective de l'émergence d'une DCA intégrée tripartite que le rejet de la résolution US sur l'embargo anti-Iran saurait "faciliter".

Rappelons que les éléments d'une telle DCA existent déjà en Syrie que le pacte signé avec Damas par Téhéran, il y a deux mois, a permis aux Iraniens de les y déployer où la Russie maintient déjà et depuis 5 ans ses batteries de S-300 et S-400 liés au C2 (commandement et contrôle) russe.

Il y a peu et à la lumière de l'accord irano-syrien, "Bavar 373" ou encore "Khordad -3" ont retrouvé le chemin de la Syrie tout en y faisant preuve d'une réelle efficacité le 21 juillet, en contrant la vague des missiles israéliens Delilah, tirés contre Damas, par le biais des antimissiles Sayyad qui ont percé le ciel d’Israël (Golan occupé).

Si ce n'était la double explosion de Beyrouth, le Hezbollah aurait peut-être fait à l'heure qu'il est d'autres usages de cette DCA made in Iran. Depuis ce premier face-à-face qui a prouvé à Israël que sa suprématie aérienne n'est plus intègre alors même qu'il se trouve quasi encerclé par les missiles du Hezbollah et de Gaza, l'idée d'une normalisation ultra médiatisée EAU-Israël est née, laissant croire à une présence israélienne dans le golfe Persique. Cette alliance EAU-Israël qui, soyons francs, ne date pas d'hier, cache pourtant une crainte encore plus profonde.

A l'heure qu'il est, une DCA intégrée Iran-Russie-Chine est parfaitement envisageable si on se rappelle que l'Iran a signé tour à tour deux pactes stratégiques aux dimensions militaires trop prononcées avec la Chine et la Russie et que ces pactes iraient raffermir la présence sino-russe au Moyen Orient

La Chine tout comme la Russie préféreraient évidemment combattre l'armée de l'air US dans le golfe Persique au lieu de la combattre en mer de Chine ou en mer balistique. Mais une DCA intégrée Iran-Russie-Chine est-ce faisable ? Pourquoi pas. L'idée en a effleuré la Syrie d'Assad en 2019 quand Damas a lancé des négociations avec Pékin pour l'achat de HQ-9.

Surtout que les Chinois dépendent fortement des capacités de défense antimissile russes. Ils ont investi dans les systèmes S-300 et S-400 et travaillent à leur optimisation. Ces efforts d'optimisation pourrait récompenser les failles des S-300 et des S-400 qu'a révélées la guerre en Syrie surtout que la gamme HQ et on pense à la batterie de défense antimissile chinois HQ-19, pourrait être utilisée contre les missiles balistiques entrants à moyenne portée, comme ceux qu'utilise entre autre Israël.

Une chose est certaine : l'Iran ne tolérera pas la présence militaire d'Israël aux Emirats et la Chine et la Russie feront tout pour faire une nette percée militaire dans la région, quitte à y accroître leur poids. Le cadre en est déjà là : les accords iraniens avec Pékin et Moscou.

Certes, M. Poutine a proposé un plan de désescalade à l'Iran et à Washington invitant à ce que tous les deux prennent part à une réunion spéciale du Conseil de sécurité, mais tout le monde sait que c'est un jeu bien subtile pour mieux mettre l'accent sur les divergences désormais insolvables USA/Iran, insolvables puisque géostratégiques. Poutine aimerait certes donner un coup de main à Trump au seuil des présidentielles US puisque ce dernier a laissé une Amérique économiquement en ruine et politiquement édentée. Mais cela n'irait pas plus loin : ce que cherche la Russie et la Chine, se superpose parfaitement sur l'objectif iranien : le retrait US du Moyen-Orient.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV