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Pourquoi la visite de Netanyahu à Moscou a-t-elle été annulée ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des S-300 russes. ©Sputnik

Le mercredi 20 février, des médias ont fait part de l’annulation de la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Russie, visite qui devrait avoir lieu le jeudi 21 février. La presse israélienne, elle, a évoqué surtout le « report », affirmant que le Premier ministre Netanyahu s’apprête à retrouver Poutine cette semaine pour évoquer la Syrie et l’Iran.

Mais que s’est-il passé réellement ? 

Des sources bien informées reviennent sur l’état des liens Moscou–Tel-Aviv près de six mois après le crash de l’Il-20 russe au large de Lattaquié. En effet, ce qui compte pour Tel-Aviv en ce moment, c’est d’éviter toute confrontation avec les forces militaires russes en Syrie. Israël en a déjà l’expérience et il veut éviter à tout prix une nouvelle escalade avec Moscou, surtout que les USA ne cessent de multiplier les signes d’un désengagement militaire de Syrie au profit de l’armée syrienne et de ses alliés russe et de la Résistance.

En effet Israël regarde d’un œil inquiet l’échéance du mois mars, date à laquelle la Russie a promis d’achever la « syrisation des S-300 ». Un accord avec la Russie sur la poursuite des frappes contre la Syrie pourrait largement servir la cause électoraliste de Netanyahu en ces temps de mauvais scores dans les sondages. Mais quelles sont les chances pour Netanyahu d’avoir le feu vert de Moscou pour reconduire ses frappes contre le sol syrien ? Elles sont bien maigres, disent des sources proches du dossier. En effet, juste avant « l’annulation » de la visite de l’Israélien la semaine dernière à Moscou, Tel-Aviv projetait de frapper la banlieue de Damas, affirment ces sources. Il comptait surtout tâter le pouls de Moscou et mettre à l’épreuve le degré d’engagement russe aux côtés de l’armée syrienne et de la Résistance. Surtout que les propos pro-Résistance de l’ambassadeur russe à Beyrouth ont largement suscité la colère israélienne. Or la décision du Kremlin d’annuler dès mardi la visite annoncée et largement médiatisée de Netanyahu a provoqué un choc, persuadant sans doute l’Israélien de ne pas mettre de nouveau à l’épreuve la patience de Poutine. 

Attaque aux missiles contre la Syrie

Car la position de Moscou est immuable. Le Kremlin est bien conscient que Tel-Aviv cherche à rejouer un jeu qui a mené au catastrophique crash de l’Il-20 et à la mort de 15 officiers russes. Vouloir encore abuser de la politique de neutralité russe vis-à-vis d’Israël, ce n’est peut-être pas une bonne initiative. D’autant plus que Poutine n’a aucune raison de renforcer les chances de la réélection de Netanyahu. Le régime israélien a, à plus d’une reprise, tenté de provoquer une confrontation russo-américaine et Moscou n’a aucune raison de vouloir sa réélection maintenant que les États-Unis commencent à jeter l’éponge sur la scène syrienne. En effet, la Russie ne cesse de renforcer sa présence militaire, politique, économique et commerciale en Syrie, et ce, en totale synergie avec Damas. Partant, les interférences israéliennes le gênent de plus en plus. Mais ce n’est pas tout : les dirigeants moscovites ne devraient pas apprécier non plus les manœuvres israéliennes au Liban, où Tel-Aviv cherche à barrer la route à la Russie. Les contrats gaziers russes avec Beyrouth, une présence de plus en plus perceptible de la Russie au Liban, c’est ce que craignent à la fois les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël. 

L’accord nucléaire iranien (PGAC)

Quant à l’Iran, qui devrait dominer les discussions de Netanyahu avec ses hôtes russes, le Kremlin a aussi des idées bien fixes. En tant que signataire du Plan global d’action conjoint (PGAC), la Russie insiste toujours sur l’impératif du respect de son application. Mais les sionistes souhaitent pouvoir y mettre un terme, poussant la Russie à rallier le camp des anti-PGAC. Pour être elle-même la principale cible des sanctions, la Russie aura du mal à accepter l’argument israélien. La conférence de Varsovie en a été un bon exemple. Avant la tenue de cette conférence, le ministère russe des Affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel il a annoncé que la réunion de Varsovie avait pour but de porter atteinte au PGAC et de détruire les efforts de la communauté internationale pour rétablir la paix et de la stabilité au Moyen-Orient. La diplomatie russe a également critiqué le fait que des questions importantes de la région, telles que le dossier de la Palestine, ne figurent pas à l’agenda de cette conférence que la Russie a boycottée. Peu avant la tenue de la conférence, la Russie avait réuni à Moscou les Palestiniens, dans un geste de défi à l’encontre de Tel-Aviv. De sa prochaine visite à Moscou, Tel-Aviv ne devrait pas trop attendre, surtout que l’on parle déjà d’un autre dossier brûlant : la livraison de S-300 russes au Liban. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV